Je procrastine trop : et si ce n’était pas si grave que ça?

Je procrastine trop

La procrastination est la bête noire des étudiants, mais les entrepreneurs la connaissent bien également. Elle est presque devenue un phénomène de société avec une flopée d’articles qui fleurissent chaque jour sur le sujet. La fainéantise et la paresse seraient presque devenues ringardes en comparaison. Si vous avez tapé « je procrastine trop »  dans google pour atterrir sur cet article, il y a fort à parier que vous soyez d’accord avec moi.

Mais de quoi parle-t-on au juste ? Remettre au lendemain des tâches désagréables pour se consacrer à des activités jugées plus plaisantes, c’est la racine du mal de la procrastination. Il n’est donc pas étonnant que ces comportements se soient amplifiés avec l’essor d’internet et des réseaux sociaux. J’ai longtemps cru qu’il s’agissait d’une malédiction que je devais apprendre à conjurer. À force d’échecs, j’ai changé mon fusil d’épaule : et si le mieux à faire n’était pas d’accepter ma tendance à procrastiner pour mieux la dompter ?

Retracer son parcours de procrastinateur : une habitude qui s’installe doucement mais sûrement

Je ne crois pas qu’on procrastine dès son plus jeune âge. Il est assez probable que cette tendance s’installe progressivement dans la vie. Au collège, je ne comprenais pas les gens qui faisaient leurs devoirs très en avance, mais j’anticipais suffisamment pour être sereine avant de les rendre. J’ai commencé à repousser les limites de l’acceptable au lycée. Je me souviens de cette dissertation de philosophie que j’avais finie la veille au soir, à minuit passé, à une époque où me coucher après 23h30 m’angoissait terriblement.

Malheureusement pour moi, cette copie s’est aussi avérée être la meilleure dissertation de mon année de terminale. Cela ne m’a pas aidé à associer le travail tardif à une expérience désagréable. J’ai donc persisté à l’université où finir mes dissertations à 4h, puis 5h, puis 6h du matin est devenu la règle. J’ai même atteint un record lors de mon Master 1 : deux nuits sans dormir pour finir mon mémoire.

Je vous mentirais si je vous disais que j’en étais fière et que je gérais la situation. Cela me causait un stress énorme et un sentiment de découragement que j’avais beaucoup de difficulté à combattre. Mais bon an mal an, je n’ai jamais fait défaut à mes obligations et j’ai toujours rendu mes copies en temps et en heure. Je ne pensais pas alors que cette expérience apparemment si désagréable me permettrait de développer un état d’esprit particulièrement adapté à d’autres situations.

Comprendre les causes : si je procrastine trop, il y a forcément une raison

 

Pour avoir longtemps essayé de combattre ma tendance à procrastiner sans aucun succès, j’ai fini par réaliser qu’il me fallait d’abord comprendre pourquoi j’agissais ainsi. On dit toujours que la clé d’une relation réussie est dans la communication. Avant d’apprendre à interagir avec les autres, il serait donc bon de ne pas avoir de secret pour soi-même. Les causes possibles de la procrastination sont tellement nombreuses qu’il peut être difficile de s’y retrouver. Certaines reviennent néanmoins plus que d’autres, avec parfois des solutions qui ont fait leur preuve.

L’importance de comprendre les causes pour expérimenter des solutions

Dans mon cas, j’ai identifié que je procrastinais trop essentiellement pour deux raisons : un manque de discipline et un perfectionnisme démesuré. La meilleure solution que j’ai trouvée pour combattre ma difficulté à me mettre au travail a été d’étudier systématiquement à la bibliothèque. Seulement, contrairement à ce que j’avais pensé, cette expérience s’est avérée assez décevante. Bien sûr, j’y ai trouvé des bénéfices, mais j’y ai aussi beaucoup perdu. Le fait de me retrouver dans un milieu studieux a été une excellente solution pour m’aider à apprendre mes leçons ou à venir à bout de tâches simples. Mais je ne suis jamais parvenue à être créative et efficace dans ce genre d’environnement. Je n’ai jamais réussi, par exemple, à y rédiger une dissertation digne de ce nom. Il ne servait à rien de persister à travailler dans ce genre d’endroit, si cela me condamnait à devenir une moins bonne version de moi-même. 

Un remède pire que le mal : quand la procrastination est trop solidement ancrée dans nos comportements

En réalité, j’ai finalement compris que le problème ne venait pas de l’environnement. J’ai dû admettre que j’avais besoin d’adrénaline pour travailler et je ne la ressentais pas en travaillant à des horaires réguliers en bibliothèque. Ma tendance à procrastiner était devenue avec le temps une partie intégrante de mon caractère. Si je voulais accepter les bons aspects de ma personnalité, il fallait en accepter aussi les mauvais.

Vous vous reconnaissez dans cette description ? Ce n’est pas une mauvaise chose car je vais pouvoir vous donner quelques clés pour contourner vos mauvais penchants. Mais avant cela, j’aimerais vous raconter une anecdote qui m’a fait prendre conscience que cette tendance à tout remettre au lendemain n’avait pas que du négatif. 

Réaliser que l’expérience de la procrastination peut être salvateur dans le monde professionnel

Travail Urgent Entreprise

 

On le sait, quand on se lance dans le grand bain du monde du travail, on a rarement à faire à un long fleuve tranquille. J’y ai pour ma part découvert le travail dans l’urgence, même quand on a rien fait pour mériter ça. Lors de mes études, je me mettais toute seule en danger en repoussant au maximum l’échéance. J’apprenais à travailler dans le stress mais c’était la culpabilité qui me rendait malade.

Quand le travail dans l’urgence devient la règle

Dans le monde professionnel, je devais aussi travailler vite, mais exit le sentiment d’être en faute puisque les délais courts venaient de l’entreprise elle-même ! Et je dois dire que loin de me causer du stress, c’était assez jouissif pour moi. Je me souviens de cette présentation à rendre pour le lendemain au directeur général de ma boîte parce que mon manager (débordé) avait oublié de m’en parler avant. Non seulement je n’ai ressenti aucun stress à l’idée de devoir réaliser un powerpoint de 8 pages en 3 heures, mais j’étais boostée à bloc à l’idée de lui montrer que j’en étais parfaitement capable. Le simple fait de savoir que l’entreprise avait conscience du peu de temps qu’elle me laissait changeait complètement la donne. J’ai donc travaillé dans l’urgence mais avec un plaisir et une adrénaline que je n’avais jamais connus auparavant.

Que se serait-il passé si j’avais pris l’habitude de toujours anticiper au maximum le travail que j’avais à faire ? Il y a fort à parier que j’aurais très mal vécu ce genre de situations puisque je n’y aurais pas été préparée psychologiquement.

Je dois cependant préciser un élément essentiel. L’entreprise pour laquelle je travaillais a toujours mis en valeur mon travail et je n’y ai jamais souffert d’un manque de reconnaissance. Il est évident que la même situation dans une entreprise qui n’a pas conscience de votre implication et de votre mérite doit vous alerter. Ce sont les conditions idéales pour faire un burn out.

La procrastination peut aider à être plus efficace

Dans certains métiers, le travail dans l’urgence est même inhérent à l’activité elle-même. Un cuisinier par exemple ne peut pas préparer certains plats trop en avance s’ils doivent être servis “minute”. Le fait d’avoir expérimenté des situations de rush est donc un bon moyen de développer un état d’esprit et des solutions d’organisation adaptés.

Une citation de Bill Gates est aussi inspirante sur ce point. Le fondateur de Microsoft préfère “une personne paresseuse pour un travail difficile, car une personne paresseuse va trouver un moyen facile de le faire.” Le résultat est le même avec un procrastinateur. Il sera lui-même contraint par le temps qu’il lui reste de trouver une solution simple et rapide. Quoi qu’on en dise, la procrastination développe énormément les capacités de débrouillardise !

Dompter sa tendance à procrastiner plutôt que chercher à tout prix à s’en débarrasser

Je suis sincèrement convaincue que j’ai une prédisposition à la procrastination et comme l’auto-flagellation ne mène à rien, j’ai décidé de vivre avec ! Parce qu’en réalité, la culpabilité renforce le processus. C’est ce que j’ai compris en arrêtant de me maudire d’être une procrastinatrice invétérée. Bien sûr, je continue au quotidien de lutter contre mes mauvais penchants. Mais depuis que j’ai appris à composer avec cette tendance, je me porte beaucoup mieux !

Doser ses efforts : mieux vaut en faire peu que rien du tout

Lorsque je rédige un article par exemple, je tend à y réfléchir beaucoup en amont sans véritablement écrire. Je fais des recherches, je lis quelques études, je vérifie la définition de certains termes, etc. De temps en temps, je note des idées et des sources pêle-mêle, mais je ne suis pas très active dans le processus. Lorsque vient le moment de m’y mettre plus intensément, je ne pars finalement jamais de zéro. Très vite, les idées se mettent en place grâce au savoir que j’ai accumulé. Je trouve même de nombreux bénéfices à ne pas avoir été trop vite trop tôt. Je suis persuadée qu’il faut du temps pour laisser maturer des idées. Cela me permet également de gagner du temps puisque je suis nettement plus efficace et rapide dans mon travail quand la date de rendu approche. Lorsqu’on a trop de temps devant soi et qu’on est un brin perfectionniste, on peut se retrouver à tergiverser à l’infini. Les échéances ne nous laissent pas le choix !

Une stratégie qui porte ses fruits : le plus dur, c’est de s’y mettre

Plutôt que d’essayer de faire les choses le plus tôt possible, j’ai donc cherché à m’accommoder de ma procrastination. Si vous n’êtes pas capable de travailler d’arrache-pied car vous savez l’échéance lointaine, négociez des moments de “semi activité”. L’idée va consister à tromper votre cerveau. Il vous est impensable de vous mettre à travailler car vous n’êtes pas pressé par le temps ? Ce n’est pas grave. Persuadez-vous que vous ne faites pas ça dans l’optique de finir votre tâche rapidement, mais plutôt par curiosité. Non seulement vous aurez beaucoup moins de réticence à vous y mettre, mais vous risquez de vous prendre au jeu. Il m’est arrivé un grand nombre de fois de commencer une recherche sans ambition d’aller plus loin. 3 heures plus tard, j’avais pourtant rédigé 2 pages de textes parce que cette recherche m’avait inspirée.

Procrastiner ou ne pas procrastiner ? Ma Réponse

Si à la lecture de cet article, vous pensez que j’ai cherché à vous convaincre que procrastiner était LA solution pour réussir dans la vie, vous vous trompez. Il est réellement souhaitable de lutter contre cette tendance au quotidien si l’on souhaite exceller dans un domaine. Je suis simplement partie du constat que chercher à lutter contre cette tendance était contre productif. Il est essentiel de comprendre que plus on cherche à lutter contre une émotion, plus on tend à l’imprimer profondément dans notre esprit. Cela signifie que vous allez renforcer votre tendance procrastinatrice en y pensant constamment. Personnellement, j’ai trouvé la solution dans l’indulgence vis-à-vis de moi-même. En réduisant mes attentes, j’ai considérablement réduit mon stress qui alimente la procrastination. En outre, faire l’expérience du travail dans l’urgence ou dans des délais anormalement courts n’est pas un mal en soi. Les conditions de travail dans la vie réelle sont rarement idéales et cela peut être une bonne préparation pour vous aider à développer votre débrouillardise. 

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