Surmoi surdéveloppé : il peut devenir votre allié !

Surmoi Surdéveloppé

 

Vous avez tendance à culpabiliser rapidement ? Vous trouvez que ce que vous faites n’est jamais assez bien ? Ou encore, vous êtes persuadé que le sort s’acharne toujours contre vous ?

Si vous avez répondu oui au moins une fois, vous êtes certainement atteint d’une légère excroissance surmoïque. Pour parler autrement, votre niveau d’exigence vis-à-vis de vous-même est trop élevé et vous entretenez de nombreuses croyances négatives. Vous avez ce qu’on pourrait appeler un Surmoi surdéveloppé. Et celui-ci vous mène la vie dure ! Quoi que vous fassiez, ce n’est jamais assez bien. Le risque à terme est que vous vous sentiez inhibé et que vous perdiez toute estime de vous-même. Il va donc falloir démasquer ce juge tyrannique pour apprendre à lâcher prise et reprendre votre destin en main. Car oui, votre Surmoi peut devenir votre meilleur allié si vous acceptez de voir ce qu’il y a de meilleur en vous.

Le Surmoi : un concept phare de la psychanalyse

Poser le contexte

En préambule, il est essentiel de rappeler que le concept de “Surmoi” est un élément appartenant à la psychanalyse. Cette discipline, fondée par Freud au début du XXeme siècle, permet de trouver des voies de compréhension de la psyché humaine. En bon médecin qu’il était, Freud voulait guérir l’âme de ses patients avec comme horizon une cohabitation harmonieuse entre les hommes. Depuis, d’autres méthodes ont émergé, comme les thérapies cognitives et comportementales. Il serait donc faux de réduire la psychologie aux théories freudiennes. Précisons donc que les concepts psychanalytiques servent ici d’outils de compréhensions de nos comportements dans la mesure où ils permettent de trouver des solutions. Ils ne constituent aucunement une vérité absolue.

Pour le fondateur de la psychanalyse, il existe 3 instances à l’intérieur de notre appareil psychique :

  • Le Ça ;
  • Le Moi ;
  • Le Surmoi.

Le “Ça” agit en nous à travers nos désirs et nos pulsions. Il est régi par le principe du plaisir et n’a que faire des limites et des interdits. À notre naissance, notre existence se limite à l’expression de cette première instance archaïque.

Au fur et à mesure du temps, la conscience de soi se développe, c’est le début de la construction du “Moi”. L’individu commence alors à développer une identité et des goûts propres.

Mais ce Moi est tiraillé entre le “Ça” d’un côté et le “Surmoi” de l’autre. Penchons-nous sur ce dernier.

Le Surmoi : juge intérieur du Moi

Comme son nom l’indique, le Surmoi est en quelque sorte, “au-dessus du Moi”. Lorsque nous estimons que nous avons “bien” ou au contraire “mal” agi, c’est en fonction d’un cadre de référence établi par le Surmoi. Ces règles ont été intériorisées dès notre plus jeune âge et nous ont été inculquées par nos parents, l’école… En bref, par toute instance porteuse d’autorité.

C’est la raison pour laquelle nous ressentons de la honte ou de la culpabilité lorsque nous allons à l’encontre de ces principes. Si l’on verse dans la caricature, on pourrait penser que les psychopathes et les criminels n’ont pas de Surmoi alors que les personnes qui tiennent la loi en haute estime en ont trop.

C’est en réalité bien plus complexe que ça. Pensez au chef d’oeuvre d’Hitchcock, Psychose. Le personnage principal enfreint l’interdit ultime (“tu ne tueras point”) parce qu’il est lui-même sous l’emprise d’un Surmoi tyrannique (le souvenir de sa mère qui lui interdit toute relation avec une femme).

Le Surmoi est donc protéiforme mais reste une instance régulatrice de nos comportements. On le débusque à travers des formules qui limitent, interdisent et culpabilisent.

Voici quelques dialogues intérieurs qui marquent la présence du Surmoi :

  • Il faut / Il ne faut pas … ;
  • J’aurais dû / je n’aurais pas dû… ;
  • Je ne suis pas assez (performant / gentil / travailleur…).

Et des dualités qui dénotent de son influence :

  • Idéal / Nul ;
  • Bon / Mauvais ;
  • Parfait / Imparfait.

Ne nous y trompons pas, le Surmoi peut être réellement moteur puisqu’en servant de cadre de référence, il fixe des idéaux à atteindre. Sans modèle supérieur, nous n’aurions aucune raison de nous surpasser ni de chercher à devenir meilleur. Le problème, c’est que ce modèle peut être mal vécu s’il est mal assimilé, trop rigide ou trop exigeant. C’est ce que nous avons voulu désigner par l’expression “Surmoi surdéveloppé”.

Surmoi surdéveloppé et compulsion de répétition : la spirale de l’échec

Les croyances négatives : manifestations de la pulsion de mort

Lorsque notre Surmoi devient écrasant, la relation que nous entretenons avec lui peut devenir malsaine. L’échec peut alors réveiller une tendance au masochisme et à l’auto-flagellation :

“ J’ai manqué mon examen de médecine ? C’est normal, je suis un bon à rien de toute façon ” ;

“ Ce n’est pas étonnant qu’elle m’ait largué, ça se finit toujours comme ça avec moi” ;

“ J’aurais dû me douter que je serais en retard à ce rendez-vous, j’ai toujours eu la poisse pour ce genre de choses” ;

etc.

On voit bien pointer à travers ces expressions une complaisance à croire en un destin inéluctable. Et c’est normal ! Tant que le problème ne sera pas résolu à la racine, l’individu attirera des situations dans lesquelles il entretiendra inlassablement les mêmes scénarios.

Le fondateur de la psychanalyse nomme cela « la compulsion de répétition ». Faisons un léger détour pour la définir.

Selon Freud, l’être humain serait traversé par deux motions pulsionnelles :

  • la pulsion de vie qui donne l’énergie nécessaire à l’individu pour construire et assimiler ;
  • la pulsion de mort qui est au contraire une force de destruction et pousse à des comportements masochistes ou autodestructeurs.

C’est de la pulsion de mort que découlerait notre propension à répéter des mécanismes d’échec et à les croire inévitables. S’il paraît compréhensible que nous cherchions à entretenir la pulsion de vie, il semble étonnant que nous nous complaisions dans des attitudes mortifères. Mais ces énergies n’agissent pas sans raison. La psychanalyse explique ces comportements comme une tentative de résolution de nos conflits intérieurs.

Ces luttes internes ne sont pas faciles à démasquer dans la mesure où elles proviennent de vieilles peurs enfantines. Parmi elles, on peut citer la peur de l’abandon ou encore, l’angoisse de séparation. Elles sont la plupart du temps refoulées dans notre inconscient et refont surface dans des comportements compulsifs. Il est inutile ici de faire des généralités car chaque cas est unique. Seule une thérapie pourrait permettre d’identifier avec précision de quelles peurs il s’agit, comment elles se sont formées et comment elles se manifestent dans notre vie (TOC*, addictions etc.)

Débusquer ses angoisses grâce à la compulsion de répétition

La compulsion de répétition n’est par ailleurs pas aussi vaine qu’il n’y paraît : en répétant les mêmes schémas d’échecs, le patient ouvre la voie à la cure psychanalytique. C’est en effet en analysant comment fonctionne cette compulsion que la psychanalyse va pouvoir proposer une porte de sortie plus favorable à nos luttes intérieures. 

Il est en effet essentiel de sortir de ce mécanisme. S’il est un moyen de contrôler nos angoisses, il s’agit surtout d’un pansement sur une jambe de bois. La compulsion de répétition montre notre impuissance à sortir victorieux de nos angoisses. Il s’agit donc davantage d’une illusion de contrôle que d’une véritable maîtrise de ses croyances et de ses actions. La personne auto-proclamée poisseuse par exemple, sait au fond d’elle-même qu’elle est dans une impasse pour plusieurs raisons :

  • l’absence de toute justification rationnelle (la plupart des gens superstitieux ne croient pas véritablement à ce qu’ils affirment, mais subissent ces pensées malgré eux) ;
  • le fait que cette explication soit sans issue. En se persuadant que “c’était le destin” ou qu’on a “la poisse”, on se dit qu’on ne peut pas lutter. On se condamne donc d’avance à entretenir les mêmes schémas.

Dans les cas les plus avancés, il peut en résulter des comportements obsessionnels pour calmer la névrose, comme les TOC* ou les addictions.

Le but de la psychanalyse est donc de retrouver l’origine de cette compulsion pour permettre au patient de trouver des défenses psychiques plus adaptées. En d’autres termes, d’aider le patient à mettre à jour d’où viennent ces croyances pour reprendre le contrôle de la situation et sortir de la spirale de l’échec.

Comprendre l’emprise du Surmoi sur le Moi

Il est important d’apprendre à démasquer ce qui se cache derrière ce mécanisme car cela peut servir à mettre à jour des biais dans la construction du Surmoi.

Finalement, ce qui se joue dans la compulsion de répétition se trouve dans un sentiment de culpabilité latente. Le fait de se draper dans des postures d’éternelle victime et d’entretenir ainsi des schémas d’échec n’est pas sans raison. Inconsciemment, la personne estime qu’elle mérite ce qui lui arrive, qu’elle est “punie”. Son Surmoi est comme un tyran qui exerce une situation d’emprise sur elle. Le mot d’emprise est ici choisi à dessein.

Dans les relations interpersonnelles, on parle d’emprise quand une personne se laisse dominer par une autre, alors même qu’elle sent que cette relation est toxique. Elle tombe dans le même piège puisqu’elle ne parvient pas à sortir de cette relation destructrice, tout en sachant que cela ne lui apporte rien de bon. De plus, une personne manipulatrice qui chercherait à détruire l’autre va faire appel aux mêmes mécanismes de contrôle que le Surmoi :

  • La culpabilisation au nom de liens valorisés par la victime (familiaux, religieux…) ;
  • la dévalorisation de sa personne (sur un plan moral, intellectuel, physique…).

Si certaines relations d’emprise sont aussi puissantes, c’est d’ailleurs parce que le traitement infligé par le manipulateur rencontre un écho dans la psychologie de sa victime. Comme des prédateurs, ces personnes flairent leurs proies. Elles ne s’attaqueront jamais à une personne qui n’a quasiment aucun Surmoi. Un tel individu ne tenant pas la morale en haute estime, n’aura que faire des insinuations du manipulateur. Cela n’a cependant rien d’enviable car un homme sans Surmoi est aussi sans repère. Il en résulte généralement un important mal-être (et de possibles problèmes avec la justice).

Mais ne pourrait-on pas trouver un équilibre ? À savoir, un Surmoi régulateur qui ne nous tyrannise pas ?

Comme dans les relations interpersonnelles, il va falloir entretenir une relation bienveillante avec son Surmoi. Certaines pratiques comme la méditation peuvent nous y aider.

Du Surmoi tyrannique au parent bienveillant : la méditation au secours du Moi

Le Surmoi peut aussi être bienveillant

Notre juge interne, un peu écorné pour l’instant, n’a pourtant pas vocation à devenir notre bourreau. Imaginez un père ou une mère qui chercherait à obtenir le meilleur pour leur enfant. Ils vont lui inculquer des règles et le pousseront à travailler, mais ils ne chercheront pas à le punir pour un oui ou pour non, ni à le dévaloriser.

Apprenez donc à voir votre Surmoi comme un parent bienveillant, fier de vos actions tant qu’elles vont dans le sens de vos valeurs et de ce en quoi vous croyez. Il est bien sûr facile d’être content de soi quand on réussit tout. L’enjeu va être de garder cette bienveillance même dans les situations d’échec ou de doute.

Pour reprendre l’exemple du concours de médecine, la personne pourrait valoriser son assiduité puisqu’elle est allée jusqu’au bout et n’a pas arrêté en cours de route malgré le peu de places au concours. C’est une belle preuve de courage et de ténacité.

Toutes les attitudes qui consistent à faire preuve d’indulgence envers soi-même dans l’adversité vont dans le bon sens. Elles favorisent l’estime de soi, élément indispensable à l’aboutissement de n’importe quel projet.

Entretenir la psychologie positive pour reprendre le contrôle sur sa vie

Il est normal de ne pas réussir à se concentrer sur son travail lorsqu’on est en proie à un certain mal-être. Nos comportements sont en effet des réponses aux émotions qui nous traversent. Si nous ressentons de l’inconfort, nous allons tout naturellement fuir la situation en remettant ce que nous faisons à plus tard ou en refusant de s’engager. C’est particulièrement vrai dans la sphère affective et dans le domaine du travail.

Les croyances négatives ont donc des répercussions délétères sur beaucoup d’aspect de notre vie :

  • Baisse de l’estime de soi ;
  • Vision pessimiste de la vie ;
  • Difficultés à entretenir de bonnes relations avec les autres ;
  • Tendance à procrastiner et incapacité à prendre son destin en main.

Pour en sortir, il faut donc remplacer ces pensées parasites par des croyances positives. Certaines pratiques peuvent vous aider à développer cet état d’esprit et la méditation en fait partie. Néanmoins, la notion de “croyance positive” a été pour le moins galvaudée ces dernières années. Je n’aimais pas non plus cette expression jusqu’à ce que je réalise qu’il ne s’agissait nullement de recourir à une simple méthode Coué. Et dans ce long chemin vers la confiance en soi, la méditation peut être un merveilleux allié.

Reprendre le contrôle de ses émotions grâce à la méditation

Le but de la méditation est de favoriser le bien-être mental en acceptant de se décharger de ses pensées négatives. Attention cependant, il ne s’agit pas de les fuir ou de se répéter de belles paroles creuses ! Au contraire. La plupart du temps, on cherche à tout prix à mettre fin à son mal-être car on culpabilise d’aller mal. On pense qu’il faut “aller de l’avant” et essayer d’aller mieux le plus tôt possible.

Pourquoi ? Parce qu’on nous a répété que le bonheur était une question de volonté. On ne s’autorise pas réellement à aller mal. On s’imagine même que c’est une preuve de faiblesse. En plus d’être faux, cela participe à la spirale d’auto culpabilisation dont vous êtes victime. La méditation vous invite au contraire à ressentir toutes les émotions qui vous submergent : les bonnes comme les mauvaises. Rappelez-vous toujours une chose, la fuite n’a jamais permis de gagner une bataille. Il ne faut jamais chercher à se débarrasser de ses émotions négatives mais au contraire les vivre pleinement, sans culpabilité. On a le droit d’aller mal !

En assumant de ressentir toutes vos émotions, vous allez vous apercevoir qu’elles ne sont pas vos ennemies. Ce n’est que comme ça que vous pourrez les dompter et retrouver une certaine sérénité. 

Et ce n’est pas rien ! Le fait de retrouver une certaine paix intérieure va impacter tous les aspects de votre vie. Puisqu’il s’agit d’un blog consacré au travail en autonomie et à l’entrepreneuriat, on ne peut pas ne pas évoquer les répercussions positives sur votre activité professionnelle. Si vous n’êtes ni le jouet du destin, ni un incapable, ni inférieur aux autres, c’est que vous êtes tout le contraire. À savoir, une personne libre de choisir son avenir, pleine de ressources et tout aussi capable que n’importe qui de réaliser de grandes choses !

Vous avez déjà testé la méditation sans entrevoir de résultat, ou vous êtes tout simplement sceptique ? N’hésitez pas à jeter un œil à cet article pour découvrir en quoi elle consiste et les éléments qui peuvent freiner ses résultats :

La méditation ne me fait rien| 5 explications

Que faire si cela ne suffit pas ?

Les réponses apportées dans cet article sont nécessairement générales et ne remplaceront jamais une thérapie au cas par cas (si vous êtes véritablement en proie à un profond mal-être). Dans les cas les plus graves, les compulsions de répétition ne sont pas seulement le signe d’un Surmoi surdéveloppé. Elles sont le symptôme d’un réel traumatisme. Si vous estimez que votre souffrance est trop profonde, il est vivement conseillé de faire appel à un thérapeute qui vous aidera à trouver les clés pour aller mieux.

*TOC : Troubles Obsessionnels Compulsifs

Sources :

Revue de psychologie clinique et projective

Masochisme et pulsion de mort

Définition de TOC (MSD Manuals)

Claire Lacouture

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Cet article a 2 commentaires

  1. JM

    Bravo. Tres clair 😉

    1. Claire

      Merci et tant mieux si vous avez trouvé ça clair 🙂 !

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