Je m’ennuie au travail : pire qu’un burn-out ?

je m'ennuie au travail

 

On entend souvent parler du burn-out, cet effondrement interne qui se produit lorsqu’on a le sentiment qu’on ne peut plus du tout faire face à ses responsabilités. On parle moins de la détresse que peut engendrer l’ennui au travail, aussi appelée bore-out. La honte de révéler à son entourage qu’on passe ses journées à scroller sur son smartphone au lieu de mener une vie professionnelle trépidante, peut être un pas difficile à franchir.

Les effets d’une quantité insuffisante de travail sont pourtant beaucoup plus néfastes qu’on pourrait le croire. Le bore-out peut durablement atteindre votre estime de vous-même, allant même jusqu’à vous décourager de changer de travail par peur d’être devenu inapte. Pire, vous pouvez perdre une partie de vos compétences et votre capacité à être proactif. Heureusement des solutions existent pour sortir de ce cercle vicieux.

Les causes du bore-out : pourquoi c’est un vrai phénomène de société ?

Il peut déjà être instructif de se demander pourquoi des entreprises se satisfont d’avoir des salariés sous occupés. On ne cesse de nous dire que les charges qui pèsent sur l’employeur sont particulièrement élevées en France. Comment dès lors envisager que des entreprises ne se penchent pas sur ce problème ?

Cela risque de vous étonner mais elles n’ont généralement pas conscience que ce phénomène existe en interne. Elles ne soupçonnent parfois même pas que certains salariés n’ont rien à faire au travail, ou si peu.

Le développement du travail de bureau et sa spécialisation multiplie les cas de bore-out

Nous vivons dans un monde dans lequel le travail s’est de plus en plus dématérialisé et spécialisé.

Or, le travail de bureau présente la particularité de rendre les tâches moins visibles que dans d’autres professions. On voit une infirmière courir d’une chambre à l’autre pour faire des prises de sang ou un pâtissier confectionner ses gâteaux dans l’arrière-boutique.

On ne voit pas ce que fait un salarié sur son ordinateur toute la journée. Cela rend le travail beaucoup plus difficile à cerner, même en interne.

Des missions de plus en plus abstraites et difficiles à quantifier

Le caractère de plus en plus spécifique et complexe des missions réalisées accélère aussi ce phénomène. Les ressources humaines d’une entreprise n’ont bien souvent qu’une vague idée de ce que contiennent la plupart des fiches de postes qu’elles publient. Même les intitulés de poste parlent de moins en moins au commun des mortels : growth hacker, consultant digital, media trader…

A mesure que les métiers évoluent, on voit apparaître des intitulés de plus en plus en plus étranges et des missions toujours plus difficiles à appréhender. Non seulement cela peut compliquer l’évaluation du temps que prennent ces missions, mais cela peut aussi être à l’origine d’une perte de sens pour le salarié. Il a souvent le sentiment qu’il n’occupe plus qu’un chaînon dans le processus. L’ennui au travail se combine alors à un sentiment d’inutilité particulièrement pesant à la longue pour le travailleur.

Il arrive, bien sûr, que l’entreprise sous-évalue alors la charge de travail et en demande trop à ses salariés. Mais l’inverse est beaucoup plus fréquent qu’on ne le croit. D’autant plus qu’une personne sous l’eau mettra généralement moins de temps à présenter des signes de détresse qu’un employé sous occupé.

Les métiers répétitifs sont aussi concernés par le bore-out

Bien sûr, il n’y a pas que le travail de bureau qui est impacté. Beaucoup d’autres salariés qui exercent un métier très différent se sentent concernés. Vous vous reconnaîtrez peut-être dans les descriptions suivantes :

  • Votre poste consiste essentiellement à attendre (vigiles, gardiens…) ;
  • Les gestes que vous effectuez dans le cadre de vos missions sont très répétitifs (caissier, ouvrier à la chaîne…).

Dans ce dernier cas, ce n’est pas le manque de travail qui est en cause, mais la redondance des tâches. L’ennui est alors davantage causé par un manque de stimulation que par une sous-charge de travail.

On voit donc qu’une trop faible quantité de travail ne suffit pas à expliquer le bore-out. C’est davantage le manque de stimulation intellectuelle qui va générer l’ennui au travail et la détresse du salarié. 

L’ensemble des signes qui doivent vous alerter

Vous vous reconnaissez dans ce qui vient d’être dit, mais vous n’êtes pas encore tout à fait certain d’être concerné par le bore-out ? 

Voici les signes qui doivent vous inquiéter :

  • Vous ne ressentez pas (ou plus) d’intérêt pour vos missions ;
  • Vous appréhendez de vous rendre sur votre lieu de travail, en particulier le dimanche soir ;
  • Vous cherchez à partir le plus tôt possible le soir ou vous partez inutilement tard pour compenser votre sentiment de culpabilité ;
  • Quand vous avez un peu de travail, vous le répartissez sur la journée, de façon à moins vous ennuyer ;
  • Vous êtes distrait et faites plus d’erreurs que d’habitude ;
  • Vous multipliez les pauses café, cigarette, WC, etc. ;
  • Vous êtes quand même fatigué le soir (le bore-out est cause d’épuisement professionnel !) ;
  • Vous avez le sentiment de stagner ;
  • Vous sombrez peu à peu dans les addictions (drogues, alcool…).

Le pire, c’est qu’un salarié qui s’ennuie au travail peut finir par se convaincre que sa situation n’est pas si terrible que ça. Cela peut sembler une bonne nouvelle, or c’est tout le contraire.

Le sentiment d’ennui chronique est une alerte importante qui doit vous pousser à réagir vite. Elle est censée vous avertir que ce travail ne vous correspond pas (ou plus).

Le piège tendu par une faible charge de travail : l’enfermement dans sa (soi-disant) zone de confort

Il est malheureusement assez fréquent qu’un salarié se persuade qu’il n’est pas si mal loti, alors qu’il déprime littéralement dans son travail.

Il y reste donc par dépit en se persuadant qu’il y a pire.

“Au moins je ne suis pas sous pression”

Voilà le genre de phrases qui peut vous passer par la tête si vous manquez de stimulation au travail. Il est tentant de se persuader que sa situation pourrait être plus grave et qu’on a finalement de la chance de ne pas crouler sous le travail.

L’ennui professionnel peut même donner le sentiment qu’on est un privilégié puisqu’on est payé finalement à ne rien faire (ou presque).

Pourtant, il n’en est rien.

Déjà, qui vous dit que cette situation durera éternellement ? L’entreprise dans laquelle vous travaillez peut opérer une restructuration ou tout simplement, mettre la clé sous la porte.

Si vous devez retrouver un poste demain, il est essentiel que vous n’ayez pas perdu foi en vos capacités de travail. En restant trop longtemps dans des missions peu stimulantes, vous courrez le risque de ne plus vous croire capable de faire autre chose. Vous pourriez même avoir peur de postuler à des offres d’emploi pourtant à la hauteur de vos qualifications.

“Du coup j’ai du temps pour faire autre chose : quel luxe !”

J’espère que vous aurez perçu l’ironie derrière cette affirmation.

Certaines personnes profitent en effet de ce temps libre pour faire d’autres tâches qui n’ont rien à voir avec leur travail (remplir ses papiers administratifs, trier ses photos de vacances ou même regarder des séries).

Si votre activité est soumise à une certaine saisonnalité et que certaines périodes sont plus chargées que d’autres, ce n’est pas dramatique.

Le problème c’est qu’un bore-out, c’est tout le temps. Si vous ne réagissez pas maintenant, vous serez encore en train de trier vos photos de vacances dans 5 ans.

Vous n’aurez pas évolué dans vos fonctions ni dans vos compétences, mais vous serez devenu un expert dans le tri de vos souvenirs de camping.

Déprimant non ?

Finalement, le bore-out c’est une sorte de procrastination à grande échelle. Plutôt que de prendre le problème à bras-le-corps en en parlant à son manager ou a la médecine du travail, on tergiverse, on fait autre chose… On trompe l’ennui en somme.

Stop ! 

La vie est courte, si vous n’agissez pas maintenant vous aurez bientôt le sentiment d’avoir gâché vos plus belles années professionnelles.

“Mes priorités sont ailleurs que dans le boulot”

Cette pensée là est peut-être la plus pernicieuse. Vous pouvez vous estimer chanceux d’avoir du temps libre pour vos loisirs. Vous pouvez aussi être parent et souhaiter garantir à vos enfants une certaine stabilité financière. C’est tout à fait légitime mais cette situation ne vous met pas en sécurité. Bien au contraire !

Les conséquence du bore-out : “je m’ennuie au travail donc je ne vaux plus rien”

Si vous êtes sous stimulé en permanence, vous risquez de régresser dans vos compétences. Vous vous pensez dans votre zone de confort, mais c’est en réalité tout l’inverse.

Vous êtes en train de créer les conditions d’une perte de confiance en vous qui freinera vos capacités à rebondir et à prendre des risques si vous perdez votre emploi.

Voici une petite liste des maux auxquels vous vous exposez en restant dans une profession qui ne vous apporte aucune stimulation :

  • Perte d’estime de soi ;
  • Sentiment de perdre en capacité d’apprentissage ;
  • Baisse de votre efficacité ;
  • Impression d’être incompétent ;
  • Sentiment de culpabilité ;
  • Perte de sens / sentiment de passer à côté de sa vie.

Comment le manque de stimulation au travail tue la confiance en soi

Pour bien comprendre ce point, il est essentiel de savoir comment se forme la foi en ses capacités. On se met à croire en soi en passant à l’action et en prenant des risques.

Un perchiste ne sait pas s’il est capable de sauter jusqu’à une certaine hauteur avant de l’avoir fait. C’est la même chose avec le travail.

La confiance en soi n’est pas seulement le résultat d’une entreprise d’auto-persuasion. Ce serait un peu trop simple ! Tant que vous ne serez pas réellement sorti de votre zone de confort, vous ne saurez pas de quoi vous êtes capable.

Cessez de croire que votre situation est confortable

Il est bien sûr tout à fait humain de craindre de quitter un CDI durement acquis lorsqu’on entend toute la journée les médias nous parler de précarité de l’emploi, de harcèlement au travail et de burn-out. Vous vous persuadez alors que s’ennuyer intellectuellement au travail, ce n’est pas si terrible !

Déjà, rappelons que l’anxiogène fait vendre. Déconnectez donc un peu des médias et de leurs discours alarmistes sur le marché de l’emploi. D’après une étude d’Opinion Way / Microsoft France menée en 2020, 72% des gens estiment que leur travail contribue à leur épanouissement personnel.

Il y a de quoi être optimiste, non ?

Mais avoir peur de changer de trajectoire par crainte de se planter, c’est surtout passer à côté d’une expérience hautement formatrice.

Pourquoi il ne faut surtout pas avoir peur d’échouer

Non seulement un échec augmentera davantage votre confiance en vous-même que l’inaction, mais une certaine quantité d’erreurs est même inévitable à votre progression.

En restant dans les limites de ce que l’on connaît déjà, on ne s’expose pas seulement à l’ennui. On s’interdit surtout toute possibilité d’évolution professionnelle.

On peut analyser cette réflexion à la lumière des recherches sur l’apprentissage menées par le psychologue Suédois Ericsson. Il s’est intéressé aux personnes ayant atteint un niveau d’expertise très élevé dans un domaine (musique, dessin, sciences, informatique…).

Il s’est demandé ce qui les distinguait du commun des mortels. Ericsson s’est alors aperçu qu’elles devaient moins leur niveau d’excellence à leur talent naturel qu’à leur méthode d’apprentissage.

L’ennui au travail : un sérieux obstacle à l’apprentissage

La plupart des gens se contentent d’efforts peu intenses pour acquérir un niveau acceptable dans un domaine. L’apprentissage est rapide au début, puis ces personnes stagnent à un niveau moyen. Elles deviennent moins assidues dans leur pratique et se contentent de refaire ce qu’elles connaissent déjà, quitte à s’ennuyer un peu. 

Les personnes qui atteignent un niveau d’excellence ont toutes pour point commun de recourir à ce que Ericsson appelle “la pratique délibérée”. Il désigne par là la capacité à sortir de ce que l’on connaît déjà pour progresser continuellement dans son domaine. Cela implique de savoir mettre en place un plan d’action et de ne pas être attentiste dans sa pratique.

Mais cette méthode induit surtout de la persévérance. Ce n’est qu’en répétant plusieurs fois des aspects précis et challengeant d’une discipline qu’on progresse. L’erreur est alors inévitable et fait partie du processus. S’il n’y en a pas, c’est que la personne ne fait que répéter ce qu’elle connaît déjà et elle n’atteindra donc jamais un niveau d’expertise important dans sa discipline.

Que faire contre l’ennui au travail ?

Maintenant que nous avons mis en évidence la perversité du bore-out, vous vous demandez sûrement ce qu’il vous reste à faire pour vous en sortir.

Option 1 : se former à de nouvelles compétences au sein de l’entreprise

Votre manager n’a sûrement pas conscience de votre manque d’épanouissement professionnel. Or, son intérêt n’est certainement pas que vous restiez dans cet état. Il vous a formé, l’entreprise a investi en vous, ce n’est pas pour que vous décidiez de partir du jour au lendemain !

Il y a donc fort à parier qu’en évoquant le sujet avec lui, il souhaite trouver des solutions avec vous.

Prenez également conscience que les entreprises d’aujourd’hui savent très bien que les postes évoluent plus vite qu’auparavant. Elles sont donc censées suivre les évolutions du marché et ont tout intérêt à ce que vous vous adaptiez aussi.

Les dispositifs qui doivent vous permettre de monter en compétence existent :

  • Le plan de développement de compétences. Les formations proposées dans ce cadre le seront alors à l’initiative de l’employeur ;
  • Le compte personnel de formation (CPF). Lorsque vous exercez un emploi, vous cumulez des points qui vous permettent d’exercer une formation éligible au CPF. Si vous avez acquis suffisamment de points, vous pourrez même financer totalement la formation qui vous intéresse.

Option 2 : envisager une reconversion professionnelle

Si vous n’entrevoyez aucune possibilité d’évolution au sein de votre entreprise, il existe bien sûr d’autres solutions. Le CPF peut aussi être utilisé dans le cadre d’une reconversion professionnelle. Les formations sont nombreuses et peuvent réellement changer dans le bon sens votre trajectoire professionnelle. 

Il vous semble financièrement inenvisageable de quitter votre emploi pour suivre une nouvelle formation ?

Sachez déjà qu’il n’est pas impossible de suivre une formation CPF sans avoir démissionné. Beaucoup de formations sont accessibles entièrement en ligne et peuvent être suivies en cours du soir ou aux heures qui vous conviennent le mieux.

D’autre part, l’Etat a mis en place le Projet de Transition Professionnelle (anciennement connu sous le nom de Congé Individuel de Formation). Celui-ci vous permettra de bénéficier d’une formation en quittant votre poste, tout en conservant votre rémunération.

“Tout ça c’est bien beau mais si je ne sais pas ce que je peux faire d’autre ?”

Au sortir d’une situation de bore-out, il est tout à fait compréhensible d’éprouver de la difficulté à savoir ce que l’on est capable de faire… Et surtout, ce que l’on a envie de faire !

Il est peut-être temps dans ce cas de réaliser un bilan de compétence ? Rassurez-vous, nombre d’entre eux sont aussi accessibles via le CPF.

Vous réaliserez alors à quel point effectuer un travail que l’on aime, ça change tout !

J’ai moi-même tenté la reconversion professionnelle en janvier 2023 et je ne le regrette absolument pas ! Si tu souhaites découvrir mon témoignage de reconversion dans la Rédaction Web SEO freelance, c’est par ici : Devenir Rédacteur Web : mon témoignage de reconversion heureuse

Laisser un commentaire